"La seule chose que l'on puisse prendre du paysage est une photographie,
la
seule chose que l'on puisse laisser est l'empreinte de ses pas." Hamish
Fulton
Rares sont ces instants où la lumière semble se poser et caresser délicatement la matière. Hasard ou opportunité d'une rencontre entre le photographe et son sujet. Le matériel L'utilisation du médium photographique (chambre photographique) reste certainement le moyen le plus noble pour être le témoin des différents éléments et détails d'un paysage. Il donne la possibilité au photographe de faire corps avec lui pendant les différentes phases de réglage de l'appareil. Le photographe photographie au rythme de la lumière et non plus au rythme du temps. Par son format d'image restituée (du 4x5 inch au 8x10 inch), l'ensemble des détails de l'image apparaît clairement et précisément. Le médium photographique permet d'effectuer plusieurs réglages (mouvements) dont les principaux sont : le décentrement et la loi de Scheimpflug (loi des plans conjugués). Dans le cas précis de cette prise de vue, seul le décentrement vertical du corps avant de l'appareil a été utilisé afin de cadrer le sujet comme souhaité.
J'ai photographié son âme !J'étais venu pour photographier la terre, j'ai photographié son âme ! Cela fait maintenant le 3eme jour consécutif que je me rends à Hobgoblins (Nevada, USA) pour photographier les dernières minutes du coucher de soleil. Un lieu unique au monde où il subsiste encore quelques créatures d'un autre temps. Éléphants volants, raptors, dinosaures et monstres marins. Une demi-heure avant le coucher de soleil je commence à réaliser mes premières prises de vue à la chambre photographique, un format idéal pour capturer toute la richesse des détails de la roche. Pour l'instant tout se passe bien et quelques plans films s'enchaînent dans le châssis de la chambre photographique. La roche se teinte de belles couleurs jaunes et la lumière rasante donne du relief au paysage. Alors que le soleil vient de disparaître derrière la ligne d'horizon, dans le ciel, quelques nuages se forment au gré du refroidissement des vents d'altitude. A cet instant, je suis loin de me douter que dans 20 minutes je vais côtoyer l'enfer ! Mais les prémices sont là. Sous mes pieds je ressens la chaleur accumulée par la terre durant la journée. Petit à petit et bien que le soleil ait disparu depuis 5 minutes, la roche se pare de nouvelles couleurs. La terre inspire et expire à un rythme plus soutenu et ses entrailles émettent un grondement sourd. Dans le ciel, l'intensité lumineuse ne cesse de changer, comme si le froid demandait à contenir le rugissement naissant de la terre. Un duel vient de s'engager Rapidement, je me déplace de quelques mètres pour trouver un nouvel angle de prise de vue. A l'horizon, la pleine lune vient de faire son apparition, belle et puissante. Voilà donc à quoi ressemble l'enfer. Le magma est remonté des profondeurs de la terre et circule à travers la roche. Son sang coule sous mes pieds. Puis tout se fige. Le ciel, la terre et la lune sont en parfaite harmonie. Je place le plan film à l'arrière de la chambre, me saisis du déclencheur et je ferme les yeux pour faire partie de la scène. En une fraction de seconde, je viens de photographier son âme ! Aussi soudainement qu'elle était apparue, la terre ravale sa colère et le désert de Hobgoblins s'abandonne à nouveau à la sérénité. Octobre 2008 |
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